Les progrès de la recherche
Reconstruction mammaire : un dispositif révolutionnaire en développement
Le Pr Pierre Guerreschi, médecin spécialiste en chirurgie plastique, esthétique et reconstructrice au CHRU de Lille, a reçu un Prix Ruban Rose Qualité de Vie en 2017 pour développer une technique de reconstruction mammaire particulièrement innovante. Basée sur l’utilisation d’une coque imprimée en 3D à partir d’un textile résorbable, cette approche permettrait de s’affranchir des prothèses en silicone permanentes tout en étant bien plus adaptée à chaque femme.
Bien que la décision d’entamer une reconstruction mammaire relève en premiers lieus de motifs personnels, il semblerait que la lourdeur et la complexité des méthodes de reconstruction actuelles soient des éléments fortement dissuasifs. Qu’il s’agisse de techniques utilisant des implants mammaires ou des lambeaux musculaires, plusieurs opérations chirurgicales délicates sont nécessaires, pour un résultat pas toujours à la hauteur des espérances de chaque femme.
Pour éviter de tels parcours, certaines femmes font le choix de la prothèse mammaire externe. Apposée sur la peau, cette prothèse permet de recréer le volume du sein opéré. Les formes sont toutefois standardisées, et l’offre est assez limitée en matière de teintes : de nombreuses femmes ne peuvent pas avoir recours à ces prothèses.
Toute vertu est fondée sur la mesure
C’est donc pour proposer une solution centrée sur les attentes des 6000 femmes qui ont recours à une reconstruction mammaire chaque année – et potentiellement bien plus si les techniques étaient plus accessibles et adaptées – que Pierre Guerreschi a souhaité agir : « Notre projet vient du besoin, tout simplement. » L’objectif audacieux était de développer une méthode qui, tout en permettant un ajustement sur-mesure, soit plus simple à mettre en œuvre pour le chirurgien et moins lourde pour la patiente.Les efforts concertés de médecins, biologistes, physiciens et spécialistes du textile ont ainsi abouti à la création d’un nouveau dispositif médical appelé MATTISSE, en hommage au peintre éponyme originaire du Nord de la France. Concentré d’ingéniosité et de technologie, ce dispositif correspond à une coque qui présente deux avantages clés :
- Elle n’est pas invasive : sa conception en matériau hautement technique dit « biorésorbable » permet à l’organisme de la dégrader progressivement
- Elle correspond parfaitement au sein d’origine : elle est produite par impression en 3D à partir d’une empreinte numérique du sein à reconstruire.
De la validation conceptuelle à l'essai clinique
Si cette approche semblait, en théorie, répondre à toutes les conditions du cahier des charges initial, encore fallait-il en démontrer la faisabilité. Ce verrou majeur a pu être levé grâce au soutien de l’association Ruban Rose. En 2017, Pierre Guerreschi et son équipe ne se doutaient pas de l’impact qu’aurait ce Prix Qualité de Vie sur la suite du développement.Une fois le jalon de la preuve de concept dépassé, tout s’est en effet considérablement accéléré. Les importantes levées de fonds qui ont suivi ont mené à la création de l’entreprise Lattice Medical, une étape obligatoire pour répondre au cadre légal régissant la production et l’utilisation de dispositifs médicaux.
Les promesses aperçues en matière de biocompatibilité et d’efficacité ayant été confirmées à plusieurs reprises, Pierre Guerreschi et son équipe ont tout récemment initié un essai clinique. Le dispositif a été implanté pour la première fois chez une femme en juillet 2022.
« La reconstruction mammaire de cette première patiente se déroule au mieux et elle est en bonne santé. Les perspectives quant à l’avenir du dispositif sont très enthousiasmantes.
Nous voulions donc sincèrement remercier l’association Ruban Rose, sans qui nous n’en serions certainement pas là aujourd’hui. »