Les traitements
Grâce aux progrès de la recherche, il existe aujourd’hui plusieurs stratégies thérapeutiques pour traiter le cancer du sein : chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie et thérapies ciblées. Les effets secondaires sont aussi mieux anticipés et pris en charge.
Les différents traitements
Au début du XXème siècle, la seule technique dont disposaient les médecins pour lutter contre le cancer du sein était une ablation du sein, très mutilante. La radiothérapie fut mise au point peu après. Et, fort heureusement, les progrès spectaculaires de la recherche de ces cinquante dernières années ont permis de développer plusieurs molécules utilisées aujourd’hui en tant que thérapies anti-cancéreuses.
L’analyse de la tumeur au microscope et les différentes données d’imagerie informent quant à ses potentiels points faibles et guide la décision thérapeutique. En fonction des résultats, il peut être décidé d’utiliser une approche thérapeutique en particulier, ou bien d’en utiliser plusieurs en combinaison.
La chirurgie
La chirurgie reste le traitement le plus courant. Aujourd'hui, elle est efficace et aussi peu mutilante que possible.
L'ablation de ganglions de l'aisselle du côté de la tumeur et leur analyse sont systématiques en cas de cancer du sein.En effet, la présence de cellules tumorales dans ces ganglions modifie de façon importante le traitement ultérieur.
En principe pour les tumeurs de moins de 3 cm, les chirurgiens réalisent une tumorectomie qui est l'ablation complète de la seule tumeur avec une partie du tissu du sein qui l’entoure, tout en conservant le reste du sein.
Deux types de stratégie peuvent être adoptées, selon la taille et l'état de la tumeur.
- Il est possible que les chirurgiens procèdent directement à l’ablation de la glande mammaire dans sa totalité. Cette opération, appelée mastectomie, est faite en conservant les muscles pectoraux pour permettre la reconstruction mammaire.
- Les médecins peuvent aussi préconiser la prise d'un traitement médicamenteux ou la mise en place d'une radiothérapie avant l’opération pour réduire la taille de la tumeur et maximiser en maximiser les chances de succès.
Radiothérapie
La radiothérapie consiste en l’application de rayons de haute énergie sur la tumeur qui entrainent la destruction des cellules cancéreuses. Généralement, la radiothérapie est réalisée sans hospitalisation. Les récents progrès technologiques ont permis d’améliorer considérablement la précision des rayons, et donc d’en diminuer très fortement les effets secondaires.
Chimiothérapie
On appelle chimiothérapie des médicaments anti-cancéreux qui éliminent les cellules cancéreuses quel que soit l’endroit où elles se trouvent dans l’organisme et d’une manière non spécifique. Il s’agit donc de traitements systémiques qui peuvent aussi toucher les cellules saines, expliquant alors les nombreux effets secondaires qui leurs sont associés.
Hormonothérapie
L’hormonothérapie est utilisée pour traiter les tumeurs hormonosensibles. Une tumeur est dite hormonosensible lorsque les cellules cancéreuses qui la composent présentent à leur surface de grandes quantités de récepteurs aux hormones féminines, les œstrogènes et la progestérone. Ces hormones favorisent alors fortement leur développement. Le principe de l’hormonothérapie est donc précisément d’empêcher les œstrogènes et/ou la progestérone de stimuler la croissance tumorale.
Il existe deux stratégies d’hormonothérapie. L’objectif de la première est de diminuer l’impact des hormones féminines sur les tumeurs mammaires à l’aide d’un traitement médicamenteux, tandis que la seconde vise à stopper la production d’œstrogènes par les ovaires, soit en les retirant par chirurgie, soit en les irradiant.
Les thérapies ciblées
Les thérapies ciblées s’inscrivent dans le cadre de la médecine de précision. Il arrive que l’observation des cellules cancéreuses au microscope associée au séquençage de leur génome mette en lumière des anomalies « actionnables », contre lesquelles il est possible d'agir précisément. Les avantages de cette stratégie sont multiples : en plus d’être dirigée directement contre un mécanisme vital pour la cellule cancéreuse, une thérapie ciblée a peu d’effet chez les cellules qui ne présentent pas cette anomalie comme les cellules saines, diminuant alors les effets secondaires.
Une thérapie ciblée bien connue et utilisée pour traiter les tumeurs mammaires positives à la protéine HER2 est le trastuzumab. Ce médicament bloque la protéine HER2, qui véhicule de nombreux signaux de survie, conduisant à l’arrêt du développement des cellules cancéreuses. Le trastuzumab est apparu dans les années 2000 et a révolutionné le pronostic des patientes atteintes de cancer du sein HER2 positif.
Le bévacizumab, le lapatinib ou l’évérolimus sont d’autres thérapies ciblées pouvant être utilisées contre certains cancers du sein, quand les anomalies correspondantes sont détectées.
Les effets secondaires
Les traitements pour lutter contre le cancer du sein sont associés à des effets secondaires assez lourds.
La chute de cheveux, due aux chimiothérapies, en est l’exemple le plus marquant. Les médicaments anti-cancéreux peuvent aussi être responsables de symptômes variés tels que de fortes fatigues, des nausées, des vomissements, des difficultés de concentration, du stress, ou bien une diminution de la confiance en soi.
Le corps médical et la communauté scientifique accordent désormais beaucoup d’importance à ces effets secondaires. Des efforts conséquents sont déployés pour développer des traitements permettant de les prendre en charge. C’est ainsi que des « soins de support » sont associés aux traitements anti-cancéreux, pour aider les patientes à gérer les toxicités ayant un impact parfois très négatif sur leur quotidien.
Par ailleurs, l’entourage des patientes joue un rôle prépondérant dans leur gestion de la maladie et des effets associés au traitement. Un soutien affectif peut permettre d’atténuer considérablement les conséquences psychologiques du bouleversement qu’est le cancer du sein, et donc d’améliorer leur qualité de vie de manière très significative pendant et après la maladie.
Est-il possible de choisir son traitement ?
Non, on ne peut pas choisir soi-même son traitement.
Le choix du traitement relève du médecin qui appuie sa décision sur les caractéristiques biologiques du type de tumeur (grade, prolifération des cellules, présence ou absence des récepteurs hormonaux, présence de la surexpression de HER2). Ces informations leur sont transmises par l’anatomocytopathologiste (ou pathologiste).
Cependant, il est essentiel que vous puissiez exprimer vos souhaits et vos angoisses face au traitement qui vous est proposé.
Le dialogue est un élément fondamental de la prise en charge, et il est normal que vous disposiez de toutes les informations.Si la dialogue avec l'équipe soignante est inexistant, il est légitime que vous demandiez un deuxième avis.
Vers de nouveaux traitements
L’essor spectaculaire des techniques de biologie moléculaire fait peu à peu basculer les pratiques médicales vers des prises en charge personnalisées. Il est désormais question d’établir la carte d’identité génétique des tumeurs de chaque patiente, pour pouvoir les cibler de la manière la plus efficace possible.
Dans ce contexte, de nouvelles thérapies ciblées sont en permanence à l’étude.
De récentes études suggèrent également que l’immunothérapie pourrait être indiquée pour traiter le cancer du sein. Il s’agit d’une approche thérapeutique dont l’objectif est d’aider le système immunitaire à lutter efficacement contre les cellules cancéreuses. Si cette stratégie s’est avérée très efficace pour prendre en charge le mélanome, par exemples, des études approfondies seront nécessaires pour confirmer son intérêt dans la prise en charge du cancer du sein.