Les recommandations des sociétés savantes
La vie d'après la période de confinement, dépistages et diagnostics
Les recommandations de La Société Française de Sénologie et Pathologie Mammaire, la Société Française de Radiologie, la Société Française d’Imagerie de la Femme, le Collège des Enseignants de Radiologie de France, FORCOMED et les Recommandations pour la Pratique Clinique de Nice-Saint Paul de Vence concernant le dépistage et diagnostic du cancer du sein à la fin de la période de confinement COVID-19.
Depuis le 16 mars 2020, la quasi-totalité des structures de soins en France ont vu leurs activités de soins, de dépistage et de recherche impactées par les mesures de confinement et de distanciation physique et sociale liées à la pandémie de COVID-19.
Les éléments de l'équation
- L’arrêt du dépistage organisé du cancer du sein engendre un risque de retard au diagnostic du fait de la non réalisation des mammographies et éventuelles échographies associées. Cependant, le cancer du sein présente dans la majorité des cas une croissance tumorale lente et un décalage limité à 2 à 3 mois ne devrait donc pas majorer de façon importante le taux de cancer de stade avancé (stade 2 et plus) ni le taux de cancers d’intervalle en population générale. Le taux de cancer sans envahissement ganglionnaire est estimé à 78 % dans le dernier rapport d’évaluation du dépistage du cancer du sein publié par Santé Publique France en 2019 (2). Ce taux est néanmoins plus élevé dans la classe d’âge 70-74 ans (2). Concernant les cancers d’intervalle, leur taux augmente en fonction des caractéristiques de la population sous-jacente, mais également en fonction de l’intervalle entre 2 mammographies (6,7). Cependant, là aussi, en population générale, un retard de moins de 3 mois ne devrait pas augmenter le taux de cancers d’intervalle de façon majeure (7).
- Le retard à la réalisation des examens d’imagerie de dépistage peut avoir un impact beaucoup plus grave chez les femmes à très haut risque de cancers du sein en rapport avec une prédisposition génétique. Leur risque de cancer d’intervalle augmente très rapidement, et l’intervalle d’une année est le maximum acceptable en termes de rapport bénéfice-risques (8,9).
- L’arrêt des activités diagnostiques peut avoir beaucoup plus d’impact, chez des femmes symptomatiques en particulier, et tout doit être fait pour le limiter au maximum avec une reprise très rapide des activités (10–12). Le confinement a été associé à une baisse majeure et rapide des consultations pour symptômes suspects. Les activités de dépistage et de seconde lecture ont été interrompues depuis la mi-mars 2020. Des retards diagnostiques de 2 mois au maximum sont à attendre, qu’il faut tenter d’atténuer par une activité bien organisée, coordonnée et priorisée des centres d’imagerie, des structures de coordination du dépistage et des structures de soins.
- Il est nécessaire que les activités de dépistage (première et seconde lecture) et diagnostic (ainsi que prise en charge thérapeutique) soient réalisées dans des conditions respectant les mesures nécessaires d’hygiène (désinfection entre chaque consultant) et de distanciation physique (limitation de la fréquentation des salles d’attente, organisation drastique des plannings, limitation de la station en salle d’attente et dans le centre).
- Il est évidemment primordial de bien estimer les bénéfices et les risques de la reprise des activités de dépistage du cancer du sein. En effet, les invitations sont adressées aux femmes de la tranche d’âge 50-74 ans sans aucune notion de facteurs de risque associés (surcharge pondérale, pathologie cardio-respiratoire- traitement immunosuppresseur, etc..). Une individualisation de la priorisation de ces examens de dépistage doit ensuite être faite si possible par les praticiens, médecin généraliste, gynécologue ou radiologue.
- L’organisation des activités de dépistage doit prendre en compte de façon spécifique deux catégories de personnes :
- Celles particulièrement sensibles et à risque d’infection grave à COVID-19 (personnes âgées, contexte d’obésité ou d’insuffisances respiratoire)
- Celles ayant ou ayant eu le COVID-19 récemment (symptômes de moins de 7 jours).
Enfin, l’activité de mammographie et d’échographie mammaire engendre des risques de contamination des personnels en raison du contact étroit et prolongé obligatoire pour la réalisation des actes. Il est nécessaire de prioriser la réalisation des examens en fonction de cet aspect également.
En conclusion, les activités de dépistage et de diagnostic du cancer du sein peuvent et doivent reprendre à partir du 11 mai 2020, dans des conditions de sécurité pour les personnes et de hiérarchisation des priorités proposées dans ces recommandations avec une bonne coordination des acteurs et des activités, par les Agences Régionales de Santé et les Centres Régionaux de Dépistage des Cancers.
Priorisation des actes médicaux Cancer du Sein