Lauréats 2022
L'association Ruban Rose soutient la recherche sur le cancer du sein depuis 2003 grâce à ses Prix et Bourses de Recherche Ruban Rose. Si les Prix sont des financements ponctuels, les Bourses permettent à l'association d'accompagner dans la durée des chercheurs brillants, déjà lauréats d'un Prix Ruban Rose par le passé.
En 2022, l'association Ruban Rose a reversé 1 340 000 euros à la recherche.
Il s’agit d’un montant record pour l’Association, qui a ainsi pu ouvrir des appels à candidature pour sept Prix et deux Bourses répartis comme suit :
- Un Grand Prix Ruban Rose de la Recherche, d'un montant de 200 000 euros
- Trois Prix Ruban Rose Avenir, d'un montant de 150 000 euros chacun
- Trois Prix Ruban Rose Qualité de Vie, d'un montant de 100 000 euros chacun
- Une Bourse de Recherche Grand Prix, d'un montant de 240 000 euros
- Une Bourse de Recherche Avenir, d'un montant de 150 000 euros
Les lauréats 2022 ont été sélectionnés après un travail d’évaluation réalisé par le Jury Scientifique, et coordonné par le Comité Scientifique de l’association Ruban Rose pour l’excellence de leur projet.
Qu’ils soient chercheurs aux instituts Curie ou Bergonié, à Gustave Roussy, au Bordeaux Institute of Oncology, à Nantes ou engagés dans des projets associatifs en Martinique, ils ont tous des raisons personnelles de servir cette cause de santé publique. Nous vous invitons à découvrir leurs histoires en vidéo.
Grand Prix Ruban Rose
Grand Prix Ruban RosePhilippe Chavrier est directeur de recherche à l’Institut Curie à Paris où il est chef de l’équipe « Dynamique de la membrane et du cytosquelette ». Au cours de sa carrière, il a notamment identifié un facteur de mauvais pronostic des cancers du sein triple négatif et mis en évidence son implication dans l’augmentation des capacités invasives des cellules.
Les cancers sont des maladies évolutives qui changent au cours du temps : plus ils sont développés, et plus ils sont complexes à prendre en charge. Les tumeurs passent en effet d’un stade localisé à un stade localement avancé, avant de se répandre dans l’organisme et de former des métastases. Au niveau cellulaire, ces observations sont associées à l’acquisition de nouvelles capacités : d’abord immobiles, les cellules apprennent à se mouvoir et à remodeler leur environnement pour envahir de nouveaux tissus. S’il est donc bien une propriété clé qui fait basculer la maladie dans une autre dimension, c’est cette capacité d’invasion que les cellules cancéreuses acquièrent en groupe.
Mais quels sont les évènements moléculaires qui conduisent au réveil migratoire des cellules cancéreuses ? Pourquoi les cellules amorcent-elles leur migration en groupe ?
L’objectif du projet coordonné par Philippe Chavrier est précisément de répondre à ces questions. Le soutien financier apporté par l’Association Ruban Rose servira, entre autres, à recruter un chercheur post-doctorant qui travaillera à plein temps sur ce projet.
Prix Ruban Rose Avenir
Prix Ruban Rose AvenirTrois Prix Ruban Rose Avenir ont été attribués pour l'année 2022.
Clara Nahmias est directrice de recherche à Gustave Roussy à Villejuif. Elle dirige l’équipe « Microtubules et cancer », avec laquelle elle travaille à l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques dans les cellules de cancer du sein.
A l’ère de la médecine personnalisée, l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques est essentielle pour développer des thérapies ciblées innovantes et toujours plus adaptées aux caractéristiques des tumeurs mammaires de chaque patiente. Voilà plusieurs années que Clara Nahmias et son équipe travaillent selon ce principe. Ils ont montré qu’une protéine en particulier, appelée ATIP3, était absente des cancers du sein les plus agressifs et qu’elle en était un biomarqueur pronostic : quand elle est absente, le cancer est très agressif et le pronostic est défavorable. L’idée de développer une thérapie ciblant spécifiquement les cellules déficientes en ATIP3 a donc rapidement émergé. Deux candidats médicaments prometteurs ont déjà été obtenus. L’objectif de ce projet est désormais de mieux définir leur mode de fonctionnement, mais aussi leur efficacité et leur innocuité avant d’envisager l’étude de leurs effets chez les patientes.
Prix Ruban Rose Avenir
Eliane Piaggio est directrice de recherche à l’Institut Curie à Paris. Elle est à la tête l’équipe « Immunothérapie Translationnelle », et, par ses travaux de recherche, elle contribue au développement de l’immunothérapie.
L’immunothérapie désigne un ensemble d’approches thérapeutiques qui stimule le système immunitaire pour l’aider à mieux lutter contre le cancer. Des premières études cliniques évaluant les effets d’une immunothérapie dans la prise en charge des patientes atteintes de cancer du sein triple négatif ont abouti à des résultats prometteurs. Toutefois, les mécanismes mis en jeu sont encore mal compris et l’immunothérapie reste sans effet chez une partie des patientes. Comme il s’agit de traitements couteux, qui entrainent parfois de lourds effets secondaires et qui représentent une perte de temps lorsqu’ils ne sont pas efficaces, il faudrait être en mesure d’en prédire les réponses pour ne sélectionner que les patientes qui pourraient en tirer des bénéfices. C’est pour cette raison que l’objectif du projet d’Eliane Piaggio est d’identifier des biomarqueurs prédictifs de l’efficacité de l’immunothérapie chez les patientes atteintes de cancer du sein triple négatif. Elle pourra le faire grâce à la comparaison de biopsies prélevées avant le traitement, et 6 semaines après.
Prix Ruban Rose Avenir
Frédéric Saltel est directeur de recherche au Bordeaux Institute of Oncology, où il dirige l’équipe « Cancer du foie et invasion tumorale ». Il est spécialiste des mécanismes moléculaires régulant les capacités invasives des cellules cancéreuses.
Pour devenir des métastases, les cellules cancéreuses doivent parcourir un chemin tortueux et semé d’embuches. Frédéric Saltel et son équipe ont remarqué qu’au cours de ce périple, elles laissaient derrière elles des structures nanoscopiques appelées vésicules. Si ce comportement cellulaire n’est pas sans rappeler celui du Petit Poucet, qui marque son chemin avec des pierres, les raisons qui en sont à l’origine semblent pourtant bien différentes. Et pour cause, il se pourrait que ces vésicules ne soient pas utiles aux cellules cancéreuses qui les ont répandues mais bien à leurs suivantes pour favoriser le développement d’autres métastases, comme dans une réaction en chaine. Dans ce contexte, l’objectif de ce projet est d’analyser ces vésicules pour en connaître la composition précise, mais aussi et surtout pour mieux définir leur rôle. Si leur fonction est confirmée, elles pourraient servir de biomarqueurs traduisant la présence de métastases. Finalement, l’aboutissement de ce projet devrait contribuer au développement de nouvelles thérapies visant à contrecarrer la formation de ces vésicules, pour empêcher l’apparition de métastases.
Prix Ruban Rose Qualité de Vie
Prix Ruban Rose Qualité de VieTrois Prix Ruban Rose Qualité de vie ont été attribués pour l'année 2022.
Alexandra Harnais est fondatrice de l’association Amazones, une association dont les missions sont de sensibiliser au cancer du sein, de libérer la parole des femmes atteintes d’un cancer du sein et de les accompagner au quotidien dans leur lutte contre la maladie.
L’association Amazones a initié l’ouverture de lieus de convivialité dédiés aux patientes atteintes de cancer du sein, mais aussi à leurs proches, en Martinique et à Tahiti. Plus que de simples espaces d’échange, il s’agit de véritables Nids : des Nids by Amazones. Des cocons chaleureux, rassurant et surtout porteurs d’espoirs qui permettent à ces femmes de rompre avec l’isolement tout en s’accordant des moments de bien-être, d’écoute, d’information et d’entraide. Autant d’endroits qui offrent aux patientes des parenthèses de douceur et un soutien psychologique, essentiels pour vivre avec la maladie. Les patientes qui fréquentent les Nids déjà existants ont d’ailleurs fait part de tout le bénéfice qu’elles en tiraient au quotidien. L’objectif du projet associatif porté par Alexandra Harnais est donc de créer d’autres Nids en Outre-Mer, pour que le plus de patientes possibles puissent y accéder. Un objectif qui sera rendu possible grâce au Prix Ruban Rose Qualité de Vie. Ce financement sera également utilisé pour mieux structurer les Nids en réseau et donc en faciliter l’accès aux patientes.
Prix Ruban Rose Qualité de Vie
Audrey Michot est chirurgienne plasticienne et oncologue à l’Institut Bergonié à Bordeaux. Elle est spécialisée dans la chirurgie de reconstruction à visée esthétique.
Les traitements utilisés pour lutter contre le cancer du sein, tels que la chirurgie, l’hormonothérapie et la chimiothérapie, entrainent de profonds bouleversements physiologiques et psychologiques tout en générant une fatigue considérable. Il a été remarqué que ces différents éléments, couplés au stress important généré par la maladie, étaient responsables d’une détérioration de la qualité de la peau du visage des patientes : elle est plus marquée et présente des caractéristiques qui évoquent un vieillissement prématuré. L’image que les patientes ont d’elles-mêmes peut alors impacter fortement leur confiance en elles, dégradant de fait leur qualité de vie. Il est donc nécessaire de développer un traitement adapté pour lutter contre ces manifestations dermatologiques, et c’est tout l’objectif du projet porté par Audrey Michot. Grâce à son Prix Ruban Rose Qualité de Vie, elle va mettre en place un essai clinique pour évaluer l’efficacité et l’innocuité de l’injection d’acide hyaluronique, un composé connu pour être particulièrement hydratant, dans le visage des patientes après les traitements. Le degré d’amélioration esthétique et la qualité de vie des patientes avant et après injection seront analysés à travers différents échanges et questionnaires.
Prix Ruban Rose Qualité de Vie
Inès Vaz-Luis est oncologue médicale à Gustave Roussy à Villejuif. Elle est spécialisée dans la prise en charge des femmes atteintes de cancer du sein, et par ses travaux de recherche, elle souhaite contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des patientes.
Les médicaments anticancéreux utilisés pour prendre en charge un cancer du sein entrainent fréquemment l’apparition d’effets secondaires lourds et chroniques. Ils peuvent donc impacter dramatiquement la qualité de vie des patientes, même après l’arrêt des traitements. Pourtant, peu de thérapies adaptées existent. Les médecins font d’ailleurs face à un manque de données concernant les toxicités des médicaments : elles ne sont pas décrites précisément, ce qui est un frein au développement de traitements. Dans ce contexte, les objectifs du projet CANTO coordonné par Inès Vaz-Luis sont multiples. Premièrement, il est essentiel de constituer une base de données reliant les symptômes des patientes aux aspects biologiques de leur cancer. Ce travail permettra ensuite de mieux définir les toxicités dues aux médicaments, mais aussi de quantifier leurs conséquences aux niveaux psychologique, social et sociétal. Enfin, l’étude de prélèvements réalisés chez les patientes avant et après les traitements devrait conduire à l’identification de biomarqueurs prédictifs de l’apparition de ces toxicités. Il s’agit d’un projet de grande envergure, qui fait référence dans les domaines médical et scientifique. Le financement de l’Association Ruban Rose s’inscrit donc dans un contexte assez large, et sera utilisé pour collecter des données chez les 12 000 patientes qui participent à l’étude.
Bourse de Recherche Grand Prix
Bourse de Recherche Grand PrixDominique Stoppa-Lyonnet est médecin généticienne à l’Institut Curie, où elle est d’ailleurs responsable du service de génétique. En parallèle, elle est également professeure de génétique médicale à l’Université Paris Cité.
Il est estimé que 5 à 10% des cancers du sein sont dus à des prédispositions génétiques. Si certaines altérations des gènes BRCA1 et BRCA2 sont désormais bien caractérisées, et systématiquement recherchées chez les patientes à risque, de nombreuses autres mutations génétiques sont potentiellement impliquées dans l’apparition d’un cancer du sein.
Grâce à l’essor spectaculaire des techniques de biologie moléculaire, il est aujourd’hui possible de passer au crible, et avec une grande précision, l’ADN des patientes. C’est ainsi que de très nombreuses altérations génétiques ont été identifiées, sans pour autant que leur implication dans l’apparition du cancer du sein n’ait été déterminée. Ces altérations ont alors été appelées « variants de signification inconnue ».
L’objectif du projet de Dominique Stoppa-Lyonnet, financé par la Bourse de Recherche Grand Prix 2022, est de comprendre le rôle de ces différentes mutations pour pouvoir les classer. Celles qui ont un rôle avéré dans la cancérogenèse seront par la suite recherchées chez les patientes, dans le but de mieux les accompagner. Le travail de Dominique Stoppa-Lyonnet a déjà conduit à la compréhension du rôle de 101 de ces variants de signification inconnu, ce qui a un impact sur le suivi de plus de 1600 familles.
Bourse de Recherche Avenir
Bourse de Recherche AvenirPhilippe Juin est directeur de recherche CNRS au Centre de Recherche en Cancérologie et Immunologie Intégrée Nantes-Angers, à Nantes, un laboratoire dont il assure la direction. Il est également à la tête de l’équipe de recherche « Adaptation au stress et échappement tumoral ».
L’identification de nouvelles cibles thérapeutiques est un des enjeux clés de la recherche sur le cancer du sein. C’est aussi un des objectifs des travaux de Philippe Juin, dont les résultats récents suggèrent que la molécule MCL-1 pourrait être un point de mire idéal.
Il s’agit d’une molécule permettant aux cellules cancéreuses de survivre dans un environnement qui leur est pourtant hostile. L’objectif du projet soutenu par la Bourse Avenir 2022 est donc d’analyser en profondeur les effets du ciblage de cette molécule, notamment sur la viabilité des cellules de cancer du sein.
Ces études seront réalisées en utilisant une méthode particulièrement innovante que Philippe Juin a lui-même mise au point grâce au Prix Avenir qu’il a reçu en 2012. L’intérêt majeur de cette méthode est de pouvoir manipuler des échantillons tumoraux directement prélevés chez des patientes. Une telle approche permet donc de reproduire des conditions proches de celles que rencontrent les tumeurs mammaires dans l’organisme, pour avoir un meilleur aperçu de la manière dont elles répondent aux traitements.
Les mécènes de l'Association Ruban Rose